Nous ne restons jamais les mêmes : l’humain que nous étions il y a 5 ou 10 ans n’est plus tout à fait celui que nous sommes aujourd’hui. La vie nous façonne. Les événements heureux nous donnent joie et énergie pour nous lancer dans de nouveaux projets, qui vont nous transformer. Les événements douloureux nous contraignent à nous arrêter pour comprendre, réfléchir, et voir comment changer. De notre mieux, nous nous nourrissons ainsi des coups et des caresses de la vie.
Mais, à mieux y regarder, on découvre que la plupart des événements qui dessinent notre existence sont à la fois agréables et contraignants : les études, le travail, la vie de couple. Et la parentalité...
Être parent, c’est à la fois agréable parce qu’émouvant, intéressant, réjouissant. Et à la fois pénible parce que fatigant, déstabilisant, contraignant. Certes, on regrette rarement d’avoir été parent : avec le recul, c’est toujours une belle aventure. Mais la parentalité au jour le jour, c’est une autre histoire, qui nous arrache souvent des soupirs et parfois des larmes. C’est peut-être pour cela que certains futurs papas se font un peu forcer la main par les futures mamans...
Pour ma part - et il me semble que c’est vrai aussi pour beaucoup de papas - la paternité est l’événement de ma vie qui m’a le plus transformé, le plus contraint à progresser, et le plus enrichi.
Lorsqu’on est parent, on traverse, entre autres, deux grands moments : le premier est celui où l’on sent que nos enfants, en grandissant, commencent à nous juger. Le moment où, nous observant, ils découvrent nos limites et nos défauts. Nous souhaitons bien sûr ne jamais les décevoir ; et bien sûr, nous les décevrons. Au moins une fois. Au moins de temps en temps. L’essentiel est de ne pas les décevoir constamment. Premier aiguillon pour la transformation...
Et puis, autre moment clé : celui où nous comprenons que nos enfants nous sont supérieurs, dans différents domaines et parfois dans tous les domaines ! Le moment où nous découvrons que nous pouvons apprendre d’eux, de leur intelligence, de leur générosité, de leur enthousiasme. Le moment où leur supériorité nous réjouit, et où nous avons l’humilité de nous mettre à leur école. Deuxième aiguillon de transformation parentale...
Finalement, c’est souvent comme ça, dans la vie : nous croyons donner, et nous recevons. Nous pensons éduquer, et nous sommes éduqués. Nous n’avons qu’à faire l’effort de suivre ce mouvement, décrit par le philosophe André Comte-Sponville : « Les enfants veulent grandir. Notre devoir est de les y aider, et pour cela, de grandir nous-même, au moins par l’esprit... »
Moralité : ne vous demandez pas seulement comment vous allez éduquer vos enfants, demandez-vous aussi comment eux vont vous éduquer...
Illustration : "Hey, papa et maman, vous avez vu comme je sais tourner ma tête à l'envers !"
PS : En écrivant cette chronique, je pense aussi à celles et ceux qui n’ont pas eu d’enfants. Qui n’ont pas pu, ou pas voulu devenir parents. Pour elles et pour eux, changer, se transformer sera peut-être plus confortable, car ils pourront décider de leur voie, de leur rythme. Mais le risque de ne pas changer sera aussi plus grand, car ils n’y seront pas contraints par la présence constante, dérangeante et stimulante des enfants. Efforts contraints ou efforts choisis, dans tous les cas, nous avons à travailler pour progresser !