vendredi 29 décembre 2017

Petit fantôme de la forêt





Puisse cette petite feuille morte ramassée au sol
être l'ange gardien qui vous accompagnera
tout au long de l'année qui s'ouvre bientôt.

Puisse-t-elle, le plus souvent possible, 
vous aider à être heureux 
et à rendre heureux
tout autour de vous.

Je vous adresse tous mes voeux 
pour une belle année 2018
pleine de joies, 
d'émerveillements, 
de dons et de partages.


mercredi 20 décembre 2017

Ça marche vraiment, la psychologie ?



Quel chemin parcouru par la psychologie, ces dernières décennies !

Nous parlons volontiers aujourd’hui de ses succès, mais pendant longtemps, ce n’était pas si évident aux yeux de la plupart des gens. Ce n’est que depuis les années 1960-70 que la psychologie fait véritablement partie de notre vie quotidienne, et s’est intégrée à nos façons de penser. Auparavant, elle était plutôt un objet d’indifférence ou de méfiance. Et on se demandait si ça marchait vraiment ?

Je me souviens par exemple que lorsque j’ai commencé mes études de médecine, les psychiatres étaient considérés comme des médecins pas comme les autres, ils n’étaient « pas tout à fait médecins », par rapport aux chirurgiens ou aux cardiologues, qui eux étaient des « vrais docteurs » avec blouse blanche et ustensiles médicaux.

Je me souviens qu’à l’époque il y avait encore des humains « pré-psychologiques », comme il avait existé des hommes pré-historiques. Des humains que ça n’intéressait pas du tout de réfléchir sur eux, de comprendre leurs émotions, leurs motivations, leurs méandres mentaux, et encore moins de comprendre ce qui se passait dans la tête des autres. Ces humains « pré-psychologiques » ne voulaient en aucun cas faire de la psychologie…

Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts, les humains « prépsychologiques » sont en voie de disparition, et nous célébrons les noces de la science et de la psychologie.

Avec des signes réjouissants : c’est un plaisir de voir les études de neuroimagerie confirmer que les psychothérapies améliorent la dynamique fonctionnelle cérébrale, un plaisir de voir que la méditation modifie favorablement notre biologie.

Mais il y a aussi des signes inquiétants : l’usage aujourd’hui généralisé du neuromarketing, qui cherche à influencer nos comportements d’achat ou nos votes politiques, à travers le fichage de nos traits psychologiques et comportementaux, est certes une forme de reconnaissance de l’efficacité de la psychologie, mais aussi une énorme menace sur nos libertés.

C’est pourquoi il est si important que les citoyens contemporains disposent d’une culture psychologique de base, non seulement pour mieux vivre, mais aussi pour mieux se défendre de toutes ces formes de manipulations commerciales et politiques.

Eh oui, il est devenu aujourd’hui aussi important de savoir comment fonctionne notre cerveau, qu’il l’était hier de savoir reconnaître les champignons, les plantes, les espèces végétales et animales. Ces savoirs anciens nous sont moins nécessaires actuellement, puisque nous ne recherchons plus notre nourriture nous-mêmes. Mais les savoirs psychologiques sont devenus, eux, fondamentaux, dans des sociétés où nous sommes amenés à rencontrer un très grand nombre de personnes très différentes de nous, à établir avec elles des rapports prolongés et complexes, à nous faire une place dans un monde qui n’arrête pas de changer et d’évoluer… Sans la psychologie, ce serait bien difficile !

Et vous, chères et chers internautes de tous âges, qui me lisez régulièrement ou de temps en temps, d’où vous vient ce goût pour la psychologie ?


Illustration : un badge qu'on m'a offert un jour en cadeau...

PS : ce texte reprend ma chronique du 28 novembre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter. 




mercredi 13 décembre 2017

Chagrin d'amour



À la fin de l’été dernier, sur les quais de gare, j'ai vu plusieurs fois de petits amoureux qui s’embrassaient et se parlaient avant que l’un des deux, habitant visiblement dans un autre coin de France, ne reprenne le train. Je me demandais ce que deviendraient ces liaisons de vacances, et combien de chagrins d'amour ils engendreraient.

Chagrin ? On ne devrait pas parler de « chagrin » d’amour : c’est un vocable pour ceux qui n’en souffrent pas. Pour les personnes qui le subissent, ça n’a rien d’un petit chagrin, c’est plutôt une grande détresse et une tristesse intense, une sorte d‘état dépressif transitoire mais profond. A la mesure du bonheur vécu : l’amour va tout intensifier dans notre vie, et la rupture à l’inverse va tout désertifier, plus rien n’aura de sens ni d’importance. Comme dans le vers célèbre de Lamartine : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».

Et la douleur de la rupture est telle que, parfois, on fait n’importe quoi, on veut en finir avec la vie ou, au lieu de se remettre à vivre, on se fige dans l’espoir d’un retour de l’être aimé

Mais un autre aspect passionnant de la rupture amoureuse, c’est le point de vue et l’attitude de celle ou celui qui la provoque, et qui cause le chagrin. Parfois, c’est une attitude de sagouin, égoïste, brutale. Mais assez souvent, la personne qui part voudrait ne pas faire de peine, souhaiterait ne pas trop faire souffrir, et se demande s’il est possible de plaquer quelqu’un gentiment ?

Ce n’est pas seulement parce que les larmes ou les reproches de l’ex sont pénibles, c’est aussi parce qu’on l’a aimé, vraiment aimé. Mais que l’amour ne suffit pas, comme le savent les thérapeutes de couple. L’amour est une condition nécessaire mais pas suffisante, comme on dit en maths. Il faut bien d’autres choses en plus pour qu’un couple dure. Alors, comme la personne qui part se souvient de cet amour, elle rêverait de ne pas faire trop de mal. 

Mais c’est mission impossible : même en s’efforçant d’être un « abandonneur gentil », dans une rupture, on ne peut que faire souffrir. L’honnêteté et la bienveillance n’empêcheront pas la douleur et la détresse sur le moment. Mais sans doute permettront-elles un rétablissement plus rapide. Et surtout éviteront-elles le traumatisme de ces amoureux et amoureuses mal quittés, qui du coup ne veulent plus jamais aimer personne, et deviennent comme des grands brûlés de l’amour…

Message donc à celles et ceux qui partent : quitter l’autre avec honnêteté et humanité n’empêche pas le chagrin, mais préserve chez son ex la possibilité d’aimer encore. Ne rompez pas comme des nuls !

Illustration : "Amour", par le très viennois Gustav Klimt

PS : ce texte reprend ma chronique du 5 septembre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter. 





mercredi 6 décembre 2017

Noir c'est noir



Comme tout le monde, je suis parfois sujet aux coups de spleen, à ces moments de la vie où on voit tout en noir.

Chez nos patients de psychiatrie, ces baisses de moral peuvent avoir des conséquences fâcheuses, car elles sont parfois des signes avant-coureurs de rechute dépressive. Mais elles existent chez tout le monde. Et chez certaines personnes mélancoliques, ces états d’âme sombres sont fréquents, ainsi chez le philosophe Cioran : « Le cafard à tous les niveaux, du tango à l’apocalypse, tel est mon climat habituel. »

Cependant, chez la plupart des humains, l’état émotionnel est comme le ciel : son climat est changeant, parfois c’est grand beau temps, parfois c’est nuit et brouillard. On se réveille le matin, et on sent que la bonne humeur n’est pas au rendez-vous, pire, qu’on a déjà commencé à broyer du noir avant même de mettre un pied par terre.

Souvent, on sait d’où ça vient : des soucis, des difficultés qu’on peine à régler et qui du coup occupent notre esprit et vampirisent notre énergie mentale.

Mais parfois, ce n’est pas si clair. Il existe en anglais une expression pour cela : « out of the blue », qui décrit un événement ou un ressenti qui semble surgir de nulle part, sans cause claire. Et qui nous conduit tout droit vers des idées noires (petit hommage à Johnny Hallyday, parti dans le noir cette nuit...).

Que faire lorsque le noir envahit notre esprit ?

Première étape, l’accepter et l’observer : toutes les émotions sont des informations, et nous signalent que nous réagissons à quelque chose qui se passe, en nous ou dans notre vie. Les émotions heureuses nous informent que notre vie nous convient, et les douloureuses qu’il y a des déséquilibres ou des souffrances, manifestes ou cachés. Le poète Rilke recommandait de « ne pas nous effrayer quand une tristesse se lève en nous »… 

Plutôt respirer, et accueillir ce qui nous rend triste : s’il y a une solution la mettre en œuvre ; et s’il n’y en a pas, ou pas immédiatement, nous occuper de freiner l’extension de la tristesse, du cafard et du spleen. Car le problème est là : les idées noires ont tendance à faire leur nid dans notre esprit, à nous pousser ensuite à les ressasser et à les ruminer. 

C’est pourquoi, si vous en ressentez fréquemment, la meilleure hygiène intérieure, une fois que vous avez compris le pourquoi de leur présence, c’est d’échapper à leur influence ! En vous tournant vers l’action (la marche est un très bon remède) et vers l’instant présent (souvent la tristesse nous pousse à revenir dans le passé ou à craindre l’avenir).

Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais pourtant toutes les études montrent qu’en s’y entraînant régulièrement, comme dans la méditation ou les thérapies cognitives, ça aide, peu à peu. 

Comme le dit le proverbe chinois : « Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire un nid dans tes cheveux ». C’est la même chose pour nos idées noires.

Et vous, vous ressentez des coups de cafard parfois ? Comment y répondez-vous alors ?


Illustration : même quand tout est noir, la lumière est toujours là, et reviendra...

PS : ce texte reprend ma chronique du 21 novembre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.