vendredi 29 mai 2009

Tu as été gentil avec la maîtresse ?


Ma plus jeune fille me raconte un jour que les maîtresses ont affiché, dans le couloir d'entrée de son école, un petit dessin rigolo, celui que vous pouvez voir ci-contre (cliquez dessus pour l'agrandir). Je fais passer un mot à sa maîtresse pour qu'elle me le prête afin de le copier ; pour vous le faire admirer, mais aussi parce qu'un de mes patients instituteur, à qui j'en avais parlé, me l'a demandé.
Tout est dit en quelques coups de crayons de cette grande bascule dans l'ambiance des rapports entre maîtres et élèves. Comme souvent, en corrigeant des excès d'un côté (trop d'autorité) nous en avons crée d'autres, du côté opposé (plus assez d'autorité et de légitimité). Il ne reste plus qu'à trouver le bon équilibre. Ça aussi, nous y arriverons, il faudra juste un peu de temps. Aurions-nous pu aller plus vite en empruntant la voie du juste milieu ?

jeudi 28 mai 2009

Différences entre émotions et états d'âme


Au théâtre ou au cinéma, l’œuvre suscite en nous des réactions fortes, prenantes, uniformes, à peu près les mêmes chez tous les spectateurs : ce sont des émotions.
Puis, après le spectacle, quand nous sortons, des pensées, des sentiments, des souvenirs complexes nous arrivent, déclenchés par ce que nous avons vu et vécu par procuration : mais là, cela ne se ressemble plus d’un spectateur à l’autre. Il y a beaucoup de différences individuelles, et plus de flou, de douceur, de discrétion : ce sont les états d'âme.
Plus discrets, plus compliqués, plus personnels…

Crédit photo : http://www.chanzy.net/lycee/etudier-a-chanzy/theatre/presentations-de-fin-d-annee-les-photos

mercredi 27 mai 2009

Thérapie

« Qu’importe la thérapie, pourvu qu’on n’ait plus la détresse ! »

C'est un de mes patients, Philippe, qui m'a offert cette maxime en cadeau, pastichant Alfred de Musset (souvenez-vous : «Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse»).

mardi 26 mai 2009

La première impression


On dit souvent que la première impression est la bonne. Ce genre d’affirmations me met mal à l’aise.

D’abord parce que cela ne nous laisse guère de chances si cette première impression n’a pas été bonne, justement. Je pense à tous mes patients timides, mal à l’aise et maladroits face à toutes les premières fois : si tout le monde raisonne comme ça avec eux, quel gâchis ! Ils sont très gauches les premières fois, puis se bonifient avec le temps.

Ensuite parce que c’est faux. Ou partiellement vrai, mais pas complètement. La première impression nous donne des informations souvent fondées (pour les timides, par exemple, l’information qu’ils peuvent être très très mal à l’aise, et donc peu avenants). Mais souvent incomplètes (ils peuvent être aussi autre chose que mal à l’aise, ne plus l’être lorsqu’ils sont en confiance).

Quelqu’un qui se montre d’emblée désagréable et négatif va nous faire une mauvaise impression. Est-ce la bonne ? C’est juste un bout de lui qu’il nous a montré. Il y en a sans doute d’autres. Et peut-être meilleurs et plus intéressants. Le piège, comme toujours c’est de trop vite juger et généraliser. La première impression est parfois vraie, mais jamais représentative de la globalité d’une personne.

Alain Berthoz, professeur au Collège de France, a inventé un beau mot qui permet de réfléchir à ça : la simplexité ; pour nous rappeler que le simple n’existe pas, et que la complexité est toujours à l’œuvre en arrière-plan de toute simplicité apparente. La simplexité des rapports humains... À la fois très simples (dans nos besoins fondamentaux) et très compliqués (dans leur mise en œuvre).

Image : "Bonjour Monsieur Courbet", au Musée Fabre, de Montpellier.

lundi 25 mai 2009

Lectures d'enfance


On se souvient toute sa vie de ses premiers livres, non ? En tout cas, pour ma part, je me souviens plutôt bien...

Oui-oui et la voiture jaune
J’ai cinq ans, je sais lire, grâce à ma mère, institutrice. Pour mon anniversaire, mon père décide de m’offrir un « vrai livre » de la bibliothèque rose. Je suis très déçu : je rêvais évidemment d’un jouet, et on m’offre un bouquin avec plein de mots, plein de pages, et pas beaucoup de dessins, en plus ! J’ai refusé d’y toucher pendant plusieurs jours. Puis je m’y suis mis, à contrecoeur. Et je l’ai évidemment dévoré d’un seul coup. Depuis ce premier « vrai livre », je suis devenu un lecteur fou. Merci Papa, merci Maman !

Le Petit Nicolas
Je le découvre vers huit ans, en épisodes dans le journal Pilote, qu’un copain d’école me prête tous les jeudis. De vrais enfants (pas comme dans la Comtesse de Ségur) et de la vraie vie (pas des aventures mystérieuses et improbables). Des bagarres de cour de récré, des billes, des fayots, des bavardages. Prémisses de mon goût pour la psychologie de la vie quotidienne ? Et ce petit détail exotique qui me fascine alors, les prénoms très chics des héros : Eudes, Alceste, Marie-Edwige.

Le Livre de la jungle
Cadeau de Noël, vers dix ans. Dans la belle édition Delagrave, avec des illustrations de Paul Durand. Découvrir un monde sans humains, évoluer dans un Eden menaçant, marcher tout nu dans la forêt aux côtés de Baloo et Bagheera. Un lien à la vie sauvage, dans ces années 60 qui étaient celles des fusées vers la Lune et du formica. Pour mimer les combats contre Shere Kan, je m’enferme des heures dans ma chambre, en slip, armé du simple poignard en plastique de ma panoplie de sioux. Le goût de la nature m'est resté, mais je n'ai plus besoin de changer de tenue.

Et vous, c'était quoi ? Et comment ?

vendredi 22 mai 2009

Étoile de mer


Je reçois souvent des petits mots ou mails sympas de lecteurs, qui commentent ou complètent mes livres. En voici un - merci Corinne - qui m'a fait réfléchir :

« Je passe quelques jours à l’île d’Oléron et me délecte de la lecture des Etats d’âme. Je lis notamment cette anecdote sur l’étoile de mer, pour qui cela aura une signification d’être remise à l’eau.
Le lendemain, je pars faire quelques pas sur la plage, je cherche du regard un joli galet à rapporter et là, surprise, une étoile de mer, encore vivante, gît à mes pieds.
Ne sachant comment la saisir, je m’empare d’un bout de bois et la remets délicatement à l’eau. Déception, l’étoile de mer semble trop agonisante. Elle est à la merci des roulis de la marée et ne réagit pas.
Et je me dis, c’est exactement cela, toute la difficulté de la relation d’aide. Il y a la question de l’outil (est-ce le bout de bois qui l’a achevée ?), la question du moment (trop tard pour elle ?)
Et me voilà finissant ma promenade, me morfondant, ai-je prolongé son agonie en la remettant à l’eau ou au contraire, lui ai-je offert une fin plus douce dans un environnement propice ?
Frustrante et délicieuse humanité avec ses questions sans réponse ! »


La vraie vie est parfois - non, toujours – un peu plus compliquée et déconcertante que les belles histoires – qui nous sont, elles, nécessaires pour nourrir nos idéaux et donc notre motivation...

jeudi 21 mai 2009

Ascension

L’Ascension, c’est le jour où Jésus est monté au Ciel.

Moi, le jour où ça viendra (si ça vient), j’aimerais bien faire comme dans le poème de Francis Jammes Prière pour aller au Paradis avec les ânes :

« Lorsqu’il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
Que ce soit un jour où la campagne en fête
Poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
Choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
Au Paradis où sont en plein jour les étoiles.
{…}
Et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
Sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
Qui mireront leur humble et douce pauvreté
À la limpidité de l’amour éternel. »

J’aime bien les ânes. Les vrais. Et même tous les autres, tiens. Pourquoi ? Parce que. Hi-han !

mercredi 20 mai 2009

Le pari de Pascal


Ce que l’on appelle « pari de Pascal », c’est la pirouette métapysique par laquelle le philosophe nous engage à croire en Dieu : aucun risque à croire en Lui ; et aucun intérêt à ne pas y croire. Voici son texte :
« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant choix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »

Ce pari, je le fais (ou du moins je m’efforce quotidiennement de le faire, pas si facile…) avec la gentillesse, la bienveillance : aucun risque à parier sur la douceur ; et inconvénients à ne pas le faire (sur la qualité de vie et le bonheur d’exister, bien sûr). Un de mes inspirateurs est l’écrivain Primo Levi, qui le faisait, ce pari, avec l’espérance :
« Je ne saurais donner de justification à cette confiance en l’avenir de l’homme qui m’habite. Il est possible qu’elle ne soit pas rationnelle. Mais le désespoir, lui, est irrationnel : il ne résoud aucun problème, il en crée même de nouveaux et il est par nature une souffrance. »

Alors, on parie ?

mardi 19 mai 2009

Comment acheter en douce un magazine porno


L’autre jour, à la gare de Lyon, je cherchais un magazine d’informatique en farfouillant longuement et énergiquement dans le rayon, car je ne trouvais pas la revue qui m’intéressait. Tout à coup, je réalise que toutes les rangées de magazines au-dessus étaient des magazines de sexe (j’ai remarqué que c’était souvent comme ça : le sexe voisine avec l'informatique. Les informaticiens sont-ils à ce point obsédés sexuels, ou embarrassés avec les filles ?).
En tout cas, j’ai honteusement battu en retraite, en observant autour de moi si personne ne m’avait vu traîner devant ce rayon sulfureux. Et dire que c’est le genre d’exercice que l’on recommande parfois à nos patients phobiques sociaux de faire ! La prochaine fois, pour leur rendre hommage, je me forcerai à y rester plus longtemps, et même à feuilleter un de ces magazines…

PS : mon embarras m’a rappelé une scène savoureuse d’un film de Woody Allen, "Bananas" : ce bon vieux Woody essaye d’acheter discrètement une revue porno ; il y est presque arrivé, mais au moment du passage en caisse… Voir la séquence (c’est en anglais, mais vous comprendrez tout même si vous ne le parlez pas).

lundi 18 mai 2009

Pie morte


Un matin, une de mes filles m’appelle : une pie est là, dans l’herbe, morte, juste sous sa fenêtre. Je descends enlever l’oiseau. Je l’observe attentivement (ce n’est pas si facile d’observer une pie de près). Puis je la prends pour la mettre dans un sac plastique, et hop, à la poubelle.
Tout de même, vaguement culpabilisé de ne pas lui proposer une sépulture ou un enterrement plus humain, si j’ose dire... Nous faisions cela autrefois, lorsque les hamsters ou les poissons rouges passaient l’arme à gauche : de beaux petits enterrements, avec fleurs et prières. Mais pas pour cette pauvre vieille pie anonyme. Comment est-elle venue mourir là ? De vieillesse sans doute. Mais comment vieillit-on chez les pies ? Est-ce que la vieillesse existe chez les animaux sauvages ? Passent-ils de vie à trépas sans cette longue, mystérieuse et féconde période de vieillissement que traversent les humains et leurs animaux de compagnie ?
J’ai toujours un peu de spleen les lundis matin…

vendredi 15 mai 2009

Forever young


L’autre nuit, j’ai rêvé de mon meilleur ami de jeunesse, mort il y a 20 ans sous mes yeux dans un accident, alors que nous faisions un grand voyage en moto.
Il était là, devant moi, absolument vivant. Et dans mon rêve, je me disais : mais non, tu rêves, il est mort. Alors je lui demandais: «Mais tu es mort, en vrai, n’est-ce pas ?» Et il me répondait oui. Mais on continuait à discuter tranquillement, comme si le fait qu’il soit mort ou non n’avait pas plus d’importance que l’endroit où il avait garé sa moto.
Et j’étais tout perturbé, avec des états d'âme dont je me souviens précisément : joie immense de le retrouver tel il était jadis, apaisement de me dire « bon, la mort n’arrête rien, finalement », et inquiétude sourde du moment où il allait à nouveau disparaître de mon rêve. Ce qu’il fit.
Trouble intense au réveil. Bonheur pourtant de l’avoir retrouvé sorti tout vivant d’un repli de mon cerveau. Ou d’ailleurs ?
Certains rêves sont plus bouleversants et plus nourrissants pour l’âme que bien des journées….

Illustration : Rémi, par Édouard Boubat.

jeudi 14 mai 2009

Chien et maître


L’autre jour, en bavardant avec un ami. Je lui raconte comment j’ai besoin d’aller marcher presque tous les jours, me balader une demi-heure, comme ça, pour bouger mon corps et nettoyer mon esprit. Il me dit qu’il fait pareil, mais obligé par son chien, qui a peut-être les mêmes besoins que moi (et quelques autres…). Et je songe alors que dans cette histoire, je suis à la fois mon chien et mon maître.
Waf !

mercredi 13 mai 2009

Souvenirs et passé

Quand j’étais petit, j’avais des souvenirs.
Maintenant que je suis grand, j’ai un passé.

mardi 12 mai 2009

Menu plaisir


L’autre jour à la gare de Bordeaux, en revenant d’une rencontre en librairie. Je m’achète un sandwich pour le voyage. C’est mon jour de chance, le serveur (Carlos, c’est écrit sur le ticket de caisse) m’annonce qu’il y a une promotion sur le couple sandwich et boisson : seulement 5,50 euros, et ça s’appelle « Le menu plaisir ».
D’abord ça m’amuse, ce petit jeu de mots. Puis ça me laisse perplexe (sans doute la fatigue de la journée) : ce n’ est pas que les aliments soient mauvais, mais de là à parler de plaisir, même «menu»…
Cette dévaluation de la portée des mots, liée à leur usage abusif, que nous ne relevons même plus, tant nous sommes habitués, est-ce que ce n’est pas un problème, tout de même ? Cette sale habitude de la pub et du marketing de promettre et compromettre à tout bout de champ les termes de plaisir, bonheur, sérénité…
Je me dis alors : « - Mais toi aussi, tu fais pareil dans tes livres, tu parles de ces sujets ! - Oui, mais, me réponds-je, moi je passe 400 ou 500 pages à expliquer le pourquoi du comment. Je fais appel à ces mots de manière réfléchie. - D’accord, mais quand même ! – Pfff, rien à voir… »
Trop fatigué pour continuer ce dialogue intérieur, j’avale le Menu plaisir, et je regarde le paysage qui commence à défiler par la fenêtre du TGV : le refuge de l’instant présent…

lundi 11 mai 2009

Étienne et les bonbons


Encore une histoire de mon ami Étienne, dont j’ai déjà parlé dans ce blog (jeudi 2 avril 2009). Il me raconte un jour une anecdote sur la confiance inébranlable que lui portait sa mère.
Alors qu’il était petit garçon, il l’accompagne dans un magasin où elle faisait ses courses. Passant devant une étagère de bonbons, il en chipe un qu’il garde serré dans sa main. Le commerçant l’a repéré et commence à rouspéter auprès de sa mère : «Votre fils vient de me voler des bonbons.» Scandalisée, la maman repousse l’accusation : «Mon fils, un voleur, impossible, je ne l’ai pas éduqué comme ça !» Le commerçant revient à la charge : «Faites-lui ouvrir la main, vous verrez bien.» Et elle de répondre : «Pas question, je sais qu’il ne peut pas avoir volé.»
L’altercation se poursuit quelques minutes, et la maman finit par quitter le magasin en tirant son fils par sa main libre. L’autre étant toujours occupée par l’objet du délit... Étienne raconte : «J’étais mort de peur qu’elle ne me fasse ouvrir la main comme le demandait le bonhomme. Mais elle ne me l’a pas demandé, ni devant lui, ni après. Elle me faisait totalement confiance. Ou faisait totalement semblant. En tout cas, l’histoire m’a vacciné : je n’ai jamais recommencé. Mais en y repensant, je me dis que cette confiance aveugle, absolue, qu’elle avait en moi, même au déni de la réalité, c’est un sacré cadeau qu’elle m’a fait.»

jeudi 7 mai 2009

Contemplation de la grâce



Ça ne nous arrive pas souvent de rencontrer la Beauté, l’Intelligence, la Bonté. En vrai, je veux dire : pas seulement réfléchir ou discuter du concept, mais croiser quelqu’un ou quelque chose qui tout à coup nous impose l’évidence de l’incarnation d’une vertu. Ça m’est arrivé il y a peu, lors de mes dernières vacances.
C’était au Musée des Augustins à Toulouse, dans la salle dédiée à la sculpture gothique, devant une statue qui vaut le voyage à elle toute seule : Nostre Dame de Grasse.
Elle fait partie de ces œuvres devant lesquelles on passe de longs moments, le souffle coupé, l’esprit bousculé, l’âme aspirée par le vertige de l’indicible.
Et puis, ce n’est pas seulement sa grâce surhumaine qui touche. Il y a aussi l’humain en l’oeuvre : cette jeune fille a existé, sa moue triste et grave montre que les temps qu’elle a connus étaient plus sombres et durs que les nôtres.
Je suis encore sur un petit nuage d'états d'âme de légèreté et d'harmonie et de confiance dans le genre humain lorsque je sors du musée. Dans la rue je passe près d'un kiosque où d'autres têtes s'affichent à la une des magazines. Tout à coup, un flash : je compare le visage que je viens de contempler longuement, qui m'a apaisé et éveillé à la fois, aux sinistres mimiques plaquées, souriantes ou maussades, de nos stars de papier glacé ou de la télé. La différence entre le sincère et le factice, entre la grâce et la crasse. Premier mouvement de comparaison négative, de jugement réprobateur. Puis je me ressaisis : non, allez, laisse tomber, pas de ça, pas de mesquinerie, de jugements, de comparaisons. Pas maintenant. Ne gâche pas ton plaisir, ne dévalorise pas les uns pour célébrer les autres. Elle n’a pas besoin de ça pour être adorée, Nostre Dame de Grasse…

mercredi 6 mai 2009

Petite souris


États d'âme d’ineffable culpabilité toutes les fois où j’oubliais de mettre un petit cadeau ou une piécette sous l’oreiller de mes filles, quand elles avaient perdu une dent.
Leur mine triste et déconfite le matin : « la petite souris m’a oubliée... »
Et l’impression de leur avoir fait un double mal : de déception et de désillusion.

mardi 5 mai 2009

Dominator


L’autre jour en revenant du marché avec mon chariot plein de légumes, je tombe devant une grosse moto fièrement appelée (c’est écrit dessus en lettres de feu) Dominator !
Waw ! Je m’arrête un peu pour admirer. Bel engin, en effet. Mais je ne serais pas détendu de devoir rouler en Honda Dominator : j’aurais l’impression que ça va me forcer à avoir l’air conquérant et supérieur, à parler fort, à démarrer à fond aux feux rouges, à ne jamais me laisser marcher sur les pieds. À mériter le nom de ma machine. Fatigant.
Je repars bien content avec mon chariot à légumes. Il a beau être rouge vif, et avoir belle allure, lui aussi, il me met tout de même moins la pression.

lundi 4 mai 2009

Pur génie





Tout le génie cocasse et pénétrant de l’écrivain Éric Chevillard dans ces trois petits billets de son blog L’Autofictif (billet du 1er mai), où il esquisse en quelques mots : la vie mentale des anxieux, celle des timides et phobiques sociaux, et celle des phobiques du noir. J’admire complètement ce type.

"Dans la nuit, la tête sur l’oreiller, au lieu de dormir je songe à tout ce qui m’attend le lendemain. J’accomplis en pensée tous les gestes et tous les actes qu’il me faudra exécuter, je prépare les phrases qu’il me faudra dire. Au matin, je me lève épuisé, et je passe ma journée à attendre en le savourant à l’avance le moment où je pourrai poser ma tête sur l’oreiller, remonter sur moi le drap et m’endormir.



"

"Autrui est un examinateur redoutable, soucieux avant tout, semble-t-il, de sonder nos lacunes ; ainsi, lorsque l’on me présente quelqu’un, je n’ai qu’une crainte – mais terrible –, c’est que tout à trac il me demande de lui parler des Celtes.



"

"Il n’y a pas de panthère noire dans ma chambre, je m'en doute bien, au huitième étage d'une tour sise en plein centre de cette capitale européenne, je m'en doute bien mais comme il fait nuit je ne peux le voir ; allez dormir dans ces conditions !"

PS : pour le soutenir, achetez le livre de ses chroniques ! Et aussi tous les autres (Mourir m'enrhume, Démolir Nisard, etc.).

vendredi 1 mai 2009

Fête du travail

"L'Homme n'est pas fait pour le travail ; la preuve, c'est que ça le fatigue." (Courteline)