mercredi 17 mai 2017
Notre corps ment moins bien que nous…
Ces derniers temps, nous avons vu beaucoup de personnages politiques pris en flagrant délit de mensonge… Je sais, il n’y a pas qu’eux qui mentent, mais l’argument « il n’y a pas que moi, les autres aussi » est encore moins une excuse lorsqu'on est un(e) élu(e) de la République.
C’est compliqué de savoir si quelqu’un nous ment. Les chercheurs disent qu’on peut voir ça par exemple au trop grand nombre de détails : quand quelqu’un nous bobarde, il a souvent tendance à trop en faire, à nous noyer sous les précisions pour mieux nous convaincre. Mais ces mêmes chercheurs disent que souvent, c’est notre corps qui peut le mieux indiquer le mensonge éventuel.
Je me souviens qu’à un moment, les services de police et de renseignements cherchaient à mettre au point des «détecteurs de mensonge », basés sur les modifications de notre rythme cardiaque ou de notre conductance cutanée (le fait que notre peau conduise plus ou moins bien l’électricité, parce que le stress du mensonge nous fait transpirer).
En fait, c’était surtout des détecteurs d’émotivité : les gens timides faisaient biper la machine même quand ils ne mentaient pas, parce que ça les inquiétait de pouvoir être pris pour des menteurs. Et les vrais psychopathes et menteurs professionnels gardaient, eux, un calme olympien.
En plus, un détecteur de mensonge, ça nous aurait privé de quelques grands chefs d’œuvre de la littérature et de la chanson…
Bon, oublions les détecteurs de mensonge et revenons vers un appareil bien plus perfectionné : notre cerveau ! En fait, les chercheurs en mensonge nous disent qu’en regardant bien notre interlocuteur, avec un peu d’attention et d’habitude, on peut voir beaucoup de choses. Lorsque quelqu’un nous ment, son langage corporel se modifie souvent : il contrôle davantage ses gestes et parle moins avec ses mains, il a aussi des micro-mimiques du visage très brèves, qui laissent filtrer les émotions indésirables, etc.
Mais tout ça va très vite, et souvent, nous ne percevons pas consciemment ces petits détails : on ne les découvre qu’en repassant les films au ralenti, lorsque les scènes de mensonge ont été filmées. Mais notre cerveau, lui, les perçoit de manière subconsciente, et nous envoie des petits ressentis de malaise ou d’inconfort. On « sent » alors que la personne n’est pas nette, mais on ne sait pas trop que faire de cette intuition. Or notre corps est notre ami, il nous envoie généreusement des signaux d’alerte. Ecoutons-les plus souvent !
Au fait, et vous, vous sentez facilement que l'on vous ment ?
Illustration : Une petite fleur de Sabine Timm. Merci Carlotta !
PS : ce texte reprend ma chronique du 28 mars 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.