mardi 12 janvier 2010

Hymnes nationaux


L’expression de l’estime de soi collective passe-t-elle par les hymnes nationaux ?
Pour mieux le savoir, je me suis procuré un livre qui recense tous ces hymnes (Le Concert des nations, par Jean-Marc Cara). J’ai été rassuré : alors que je pensais y trouver une majorité de chants guerriers et orgueilleux, la plupart d’entre eux s’avèrent plutôt pacifiques.
Bien sûr, aux côtés de notre Marseillaise nationale (« Qu'un sang impur abreuve nos sillons... »), on retrouve quelques incitations à aller se bagarrer pour défendre sa gloire et son honneur. C’est le cas pour l’Allemagne (et son célèbre « Deutschland über alles », L’Allemagne au-dessus de tout). Ou pour Cuba : « Au combat, courez, gens de Bayamo / La patrie vous contemple avec fierté / Ne craignez pas une mort glorieuse / Car mourir pour la patrie c’est vivre. » (Bayamo est une ville cubaine où a été écrit le texte de cet hymne, nommé « La Bayamaise », un peu par le même mécanisme que « La Marseillaise »).
Plus pacifique, l’hymne portugais est aussi tourné vers l’estime de soi, avec un zeste de nostalgie de la grandeur historique passée : « Héros de la mer, peuple noble / Nation vaillante, immortelle / Relevez à nouveau aujourd’hui / La splendeur du Portugal / Entre les brumes de la mémoire. »
Mais globalement, c’est plutôt l’affection et l’attachement à sa terre natale que chantent les hymnes. Par exemple au Chili : « Pur, Chili, est ton ciel bleu azur / Des brises pures te balayent aussi / Et tes champs bordés de fleurs / Sont l’heureuse copie de l’Eden. » Ou en Estonie : « Mon pays natal, ma joie enchantée / Comme tu es beau et éclatant ! / Nulle part dans le monde / Un tel lieu ne peut être trouvé / Autant aimé que je t’aime / Mon cher pays natal. »
Si ces chants nationaux traduisent les aspirations profondes de leurs peuples, alors il y a de quoi être rassuré : la plupart des humains rêvent davantage de vivre en paix plutôt que de dominer leurs voisins. Ils ont raison : la paix est plus belle encore que la victoire. Encore faut-il ne pas suivre, régulièrement, les quelques énervés qui poussent à la bagarre...

Illustration : Vive le Québec libre !