vendredi 4 septembre 2009

Entraînement de l'esprit


La société matérialiste nous transforme sur de nombreux plans. Et notamment celui de notre intériorité, que nous serions bien naïfs de penser protégée de la pollution ambiante.
Depuis longtemps, poètes et philosophes nous alertent. Stefan Zweig parlait de ces « conditions nouvelles de notre existence, qui arrachent les hommes à tout recueillement, et les jettent hors d’eux-mêmes ». Cioran exprimait son dégoût : « Le cauchemar de l’opulence. Accumulation fantastique de tout. Une abondance qui donne la nausée. » Et qui rend malade. Car l’extérieur façonne l’intérieur : l’environnement matérialiste représente une contamination de nos esprits. Et aujourd’hui, l’évidence nous saute aux yeux : nous sommes devenus obèses de biens, d’objets, de nourritures ; narcissiques et désolidarisés ; intolérants à l’attente et à la frustration ; instables, distractibles, manquant d’intériorité ; de moins en moins capables de concentration, de penser de manière continue et constructive.
C’est pourquoi la méditation est devenue, depuis quelques années, un outil de psychothérapie à part entière. Logique. Nous éprouvons le besoin de faire du sport au fur et à mesure que nous sommes sédentarisés et suralimentés. Et nous éprouvons le besoin d’exercices d’intériorisation au fur et à mesure que nous sommes sursollicités, soumis à un tapage constant (musique permanente, publicités omniprésentes), submergés par les interruptions et les vols d’attention. Nous devenons des handicapés de l’intériorité, incapables de penser plus de 30 secondes, comme d’autres sont incapables de courir plus de trois minutes. Voilà pourquoi cultiver notre intériorité, notre condition psychique, est devenu indispensable.
Ce n’est pas facile ? Ce n’est pas rapide ? Qui a dit que cela pouvait l’être ? Mais en tout cas, c’est à nous de choisir. Et de repenser à ces mots du philosophe Gustave Thibon : « L’homme a soif de vérité, mais est-ce la source qu’il cherche – ou l’abreuvoir ? »