mercredi 31 mars 2010

Jules et son papa

Jules Renard, parlant de son père, dans son Journal :
« Mon père et moi, nous ne nous aimions pas par le dehors, nous ne tenions pas à l’autre par nos branches : nous nous aimions par nos racines souterraines. »
Elle est belle et touchante, cette description d’un attachement entre père et fils : sobre en parole et en gestes, mais profondément ressenti…

mardi 30 mars 2010

Banalité du bien, encore


La question de la banalité du bien et de la banalité du mal, encore...
Nous en avons parlé hier, mais ça a continué de cheminer dans ma tête.
Face aux horreurs produites par l’humanité (guerres, massacres, génocides…), face à l'émergence effrayante de la banalité du mal, la banalité du bien résiste, persiste, et resurgira toujours. Ce micro-bien quotidien qui répare les éclats du Mal, et souvent aussi, qui aide à y résister, discrètement, dans l’ombre. Ces petits bouts de bien, comme les brins d’herbe qui arrivent à pousser sur les bordures d’autoroutes, ou entre les deux voies : toujours plus forts à la fin que la monstruosité de la ferraille, du bitume, de la vitesse. C'est eux qui, un jour, finiront par tout recouvrir.
Enfin, c’est ainsi que je préfère voir le monde, et tenter de l’aider à changer. C’est peut-être une de ces illusions chaleureuses dont j’aime me réconforter. Mais quand même, je préfère continuer comme ça…

lundi 29 mars 2010

Banalité du bien


En discutant l’autre soir avec des amis sur l’altruisme, l’un d’eux a utilisé à un moment cette formule magnifique : « la banalité du bien ».
On parle souvent de la « banalité du mal », selon la phrase de la philosophe Hannah Arendt, pour rappeler à quel point des comportements inhumains (comme ceux qu’engendra le nazisme) peuvent être adoptés par chacun d’entre nous, dans certaines circonstances. Mais cela ne doit pas nous faire oublier une autre banalité : celle du bien, des comportements d’aide, d’altruisme, de soutien, émis en toute discrétion et en tout anonymat. C’est aussi cela l’humanité.
Pour en apprendre plus sur ces comportements, lire le fantastique bouquin de Tzvetan Todorov : Face à l’extrême.

Illustration : Tzvetan Todorov.

vendredi 26 mars 2010

Trois capacités négatives


Le poète John Keats nous incite à cultiver ce qu’il nomme des « capacités négatives », et dans lesquelles il voit une forme de maturité et d’achèvement psychologique.
Il s’agit de la capacité à tolérer en soi l’incertitude, le mystère et le doute, sans vouloir aussitôt se raccrocher à du concret et du rationnel (pas si négatif que ça, finalement).
Ce sont évidemment des paroles de poète (Keats estimait que ces capacités négatives étaient indispensables au travail littéraire).
Mais ce qui est vrai pour la littérature ne l’est-il pas aussi, assez souvent, pour la vie de tous les jours ?

Illustration : le masque mortuaire de Keats.
Et pour les lecteurs anglophones, le passage original : "I mean Negative Capability, that is when a man is capable of being in uncertainties, mysteries, doubts without any irritable reaching after fact and reason."

jeudi 25 mars 2010

Inquiétudes préhistoriques


Il m’est parfois arrivé de me demander si les hommes (et les femmes) préhistoriques étaient anxieux ? Ou s’ils avaient seulement des gros coups de peur ?

Est-ce qu’ils s’inquiétaient à l’avance, en se demandant s’ils trouveraient des fruits ou du gibier pour manger aujourd’hui, si le soleil se lèverait demain matin ou si le printemps finirait par revenir ? Ou est-ce que c’était seulement quand un ours s’approchait en grognant, ou des ennemis d’une autre tribu ?
Probablement qu’ils étaient déjà anxieux (inquiets que l’ours ne revienne, ou les ennemis). Ou du moins que certains d’entre eux l’étaient plus que les autres, et alertaient leurs copains quand des bruits inhabituels s’approchaient de leurs campements.

Mais finalement, on peut constater un recul (relatif) des occasions d’avoir peur (devant un danger actuel et présent) dans nos sociétés modernes : la peur du noir diminué par la lumière électrique dans les rues et les maisons ; la peur de l’eau diminuée par le fait que presque tout le monde sait nager ; etc.
Ce recul a laissé toute la place à l’anxiété, dont le starter est le sentiment d’incertitude (que va-t-il se passer ?) et de non-contrôle (pourrais-je faire face ?) sur les situations. Comme celle qui nous saisit quand on regarde des infos alarmantes à la télé, ou qu’on n’arrive plus à rétablir la connexion Internet sur son ordinateur.

Alors, ils faisaient comment, nos ancêtres ? Ils se rassuraient sans doute en se serrant les uns contre les autres, s’immergeaient dans l’instant présent en contemplant les flammes du foyer, imploraient leurs dieux, ou machouillaient du millepertuis…

Illustration du primitif Muzo, extraite de notre livre « Je dépasse mes peurs et mes angoisses », paru aux éditions Points.

mercredi 24 mars 2010

Pierre Guyotat

J'ai lu récemment ceci dans une interview de Pierre Guyotat, un drôle d'écrivain : "Les idéologues, ce sont ceux qui ne font pas de phrases interrogatives."
Bien sûr, on peut tricher, et faire semblant de s'interroger (vous savez, ces hommes politiques, ou ces orateurs, qui posent une question pour aussitôt y répondre eux-mêmes). Mais avoir en permanence un petit point d'interrogation dans la tête représente sans doute un bon rempart aux dérives idéologiques (faire passer les idées et idéaux avant les humains). Mentalement plus fatigant, certes, que le point d'exclamation...

mardi 23 mars 2010

Grands-parents


On a souvent parlé et écrit sur la nostalgie des parents lorsque leurs enfants, devenus grands, quittent la maison familiale. Je me souviens que lorsque j'étais jeune psychiatre on parlait de "Syndrome du nid vide" ou de "Nostalgie maternelle pathologique" pour décrire les formes de dépression qui pouvaient alors atteindre certaines mères à ce moment si particulier.
Mais il y a aussi la nostalgie qui peut toucher les grands-parents, lorsque leurs petits enfants deviennent adolescents, et commencent à avoir moins envie de venir passer du temps chez eux pour les vacances. Ils ont vu grandir et s'éloigner leurs enfants ; ils voient grandir et s'éloigner leurs petits-enfants. Et ils savent qu'il n'y aura le plus souvent pas de troisième occasion de pouponner et se réjouir sur ce registre.
À ce moment, tous sont un peu tristes. Ceux qui ont pensé et travaillé à cela en amont arriveront à se réjouir malgré tout (d'avoir eu la chance de vivre ces moments, d'avoir des nouvelles de ces enfants et petits-enfants, d'avoir encore d'autres choses à vivre). Et ceux qui ne l'ont pas fait, vont devoir se mettre au travail...

Illustration : le bouleversant tableau de Rembrandt, figurant le vieux Siméon, aveugle, prenant Jésus bébé dans ses bras, avant de mourir.

lundi 22 mars 2010

J’espère que tu vas bien


Je commence souvent mes mails ou mes courriers par cette formule, « J’espère que tu vas bien ».
Une formule toute faite ? Oui, c’est vrai, puisqu’elle est presque un réflexe, avant d’aborder le sujet qui motive mon envoi. Mais pas si anodine que ça.
Car de temps en temps, je fais un petit pas de côté, et je me dis que oui, je le souhaite vraiment, que cette personne aille bien, à l’instant où je l’écris. Et que je souhaite le bien de tous les gens que j’apprécie, que je connais, et même de tous les humains.
Ces bouffées automatiques de bienveillance universelle me semblent facilitées par l’existence de cette formule de politesse, qui de temps en temps sort de sa torpeur, s’éveille et me secoue en me criant : « Eh ! Ho ! Ce que tu écris, éprouve-le vraiment, au lieu de seulement l'écrire ou le penser, ce sera encore mieux ! »

Illustration : une publicité pour les postes anglaises ("If you really want to touch someone, send them a letter").

vendredi 19 mars 2010

Un ami anxieux


Le dessin ci-contre illustre la vision du monde des personnes hyper-anxieuses (vous pouvez cliquez dessus pour l’agrandir et mieux voir les détails). Il montre comment toute circonstance de la vie quotidienne peut être prétexte à un allumage automatique de scénarios catastrophe qui envahissent notre conscience.

Un jour que je le faisais voir à un ami anxieux, je le vis scruter attentivement la scène, très intéressé, froncer le sourcil, et me dire le plus sérieusement du monde : « Il manque un truc dans ton dessin : vous auriez du mettre un avion dans le ciel, et un personnage qui se demande s’il ne va pas lui tomber dessus. » Et je pense que c’est ce qu’il craignait, vraiment, de temps en temps…

Lorsque l’anxiété nous submerge, nous ne sommes plus maîtres de notre esprit ; nous savons bien que nous avons tort de nous tourmenter tant, mais nous ne pouvons contrôler nos ruminations, amplifications et autres anticipations… L’anxiété est finalement une école d’humilité. Elle nous rappelle ce que Paul Valéry disait à ce propos : « L’esprit règne mais ne gouverne pas. » Sans solution ? Il y en a tout de même quelques-unes, dont - encore et toujours - le travail curieux et régulier sur soi (méditation, relaxation et autres art du recul et de la prise de distance).

Illustration du vigilant Muzo, extraite de notre livre « Je dépasse mes peurs et mes angoisses », paru aux éditions Points.

jeudi 18 mars 2010

Peur de la mort


Pour certains, la peur de la mort serait à la base de toutes nos angoisses. L’anxiété serait la peur de la vie : ne pas arriver à faire face, à contrôler, à « assurer » comme on dit aujourd’hui. Et l’angoisse serait la peur de la mort : ne pas pouvoir supporter l’idée de notre anéantissement, de notre disparition.
Ce qui est sûr, c’est que vivre avec la conscience que nous sommes des mortels – que nous disparaîtrons un jour, que les gens que nous aimons disparaîtront - est un drôle de travail à accomplir (et à renouveler régulièrement) pour chacune et chacun d’entre nous. Peut-on « dépasser » cette peur-là ? On ne peut en tout cas pas la supprimer : elle nous est consubstantielle. Je n’ai trouvé jusqu’à présent qu’une solution : l’instant présent. Puisque la mort existe, savourer la vie, de toutes ses forces. En attendant de voir ce qu’il y aura peut-être ensuite…

Illustration du mortel Muzo, extraite de notre livre « Je dépasse mes peurs et mes angoisses », paru aux éditions Points.

mercredi 17 mars 2010

Je dépasse mes peurs et mes angoisses


Demain, vous pourrez trouver en librairie (même aujourd’hui, chez beaucoup de libraires) un nouveau livre intitulé : Je dépasse mes peurs et mes angoisses.
C’est un petit manuel rédigé avec mon pote le dessinateur Muzo, consacré aux différents visages de l’anxiété : inquiétudes, obsessions et phobies. Il s’agit en fait d’un "faux nouveau livre", car c’est la remise à jour en version poche de notre ouvrage paru au Seuil il y a quelques années : Petites angoisses et grosses phobies. Notre éditeur, la collection Points, a souhaité que le titre soit plus concret et plus pratique. D’où de grands débats : faut-il choisir « vaincre » ses angoisses, ou les « surmonter », ou « s’en débarrasser » ?
Il nous a semblé que « dépasser » était le plus juste et le plus honnête : on ne fait jamais totalement disparaître ses inquiétudes, mais on peut arriver à les laisser quelque part derrière soi, et non devant, nous empêchant de voir la vie et l’avenir tranquillement. Vous auriez eu une autre idée, vous ?

Illustration : le dessin que Muzo offre en dédicace aux lecteurs pour cette nouvelle édition. Si vous le voulez en vrai, venez nous voir au Salon du Livre...

mardi 16 mars 2010

Gratin de courgettes


Ça se passe chez des cousins qui nous ont invités, avec d’autres amis et cousins, dans leur maison à la montagne. Nous arrivons tard le soir et la cousine nous improvise gentiment un repas avec ce qu’elle trouve dans sa cuisine.
« Tiens, il y a du gratin de courgettes. Quelqu’un en veut ? Non ? Christophe, toi qui aimes les légumes, tu en veux un peu ? Non ? Bon, ben, je le mets tout de suite à la poubelle, ça fait plusieurs jours qu’il traîne au frigo… »
J’éclate de rire, et elle met quelques secondes à comprendre pourquoi, puis se met à rire elle aussi, un peu embarrassée mais sans plus : elle est comme ça, la cousine, spontanée et franche du collier, comme on dit. Et très gentille aussi.
Bien sûr que dans sa tête, la séquence n’était pas préméditée : « 1) je veux jeter ce truc, 2) mais je tente - au cas où - de le caser à quelqu’un, 3) je le jetterai si personne n’en veut. »
Et que c’était plutôt : « 1) tiens, il reste un peu de gratin, 2) peut-être quelqu’un en mangera, 3) le refus me fait penser que ça va traîner au frigo, 4) allez zou, on jette… »
Mais après le repas, alors que tout le monde bavarde au coin du feu, je repense à ce petit moment : la frontière entre la maladresse et l’offense est bien ténue. Si je n’ai pas été vexé mais amusé, c’est que j’aime bien la cousine et que je sais qu’elle m’aime bien. Sans ces certitudes, l’histoire du gratin serait peut-être moins bien passée. Comme quoi, ce qu’on appelle la contextualisation et le recul restent totalement nécessaires pour une bonne digestion psychologique des événements de vie. C’est pour ça aussi, d’ailleurs, que j’aime la psychologie positive : elle nous confirme scientifiquement que la bonne humeur donne justement ce recul et ces capacités de contextualisation.

Ilustration : détail du Repas de noces, de Bruegel.

lundi 15 mars 2010

Dissolution de nuage


C’est pendant les dernières vacances d’hiver. Chaque matin, après avoir accompagné tout le monde à la station de ski, je redescends à pied vers le chalet, à travers la montagne enneigée. Trop de bruit et de monde sur les pistes, ce n’est pas mon truc.
J’adore ces trois heures de marche solitaire dans la forêt, cette sensorialité intense : l’éclat du ciel et du soleil d’hiver, le crissement de la neige sous mes raquettes, la morsure de l’air froid, le silence très reconnaissable de la nature enneigée. Banal ? Oui, mais intense et délicieux.
Je m’arrête souvent, pour écouter le bruit du vent, le chant des oiseaux, le cri bizarre du tétras (il me semble que c’est cet oiseau qui fait un bruit de casserole, non ?).
Mes pensées vagabondent : je pense à la vie des trappeurs du grand Nord, comme quand j’étais enfant ; je m’émerveille devant tout ce que je vois ; je me demande pourquoi les mélèzes perdent leurs aiguilles au lieu de les garder comme les sapins ; je pense au livre que je suis en train de lire, aux conversations que nous avons eu le matin même ; je me demande pourquoi mes filles tiennent absolument à bronzer et à mettre le moins possible de crème solaire. Ou je ne pense à rien : pure présence éblouie.
Tout à coup, en levant la tête, je le vois : le seul nuage du ciel. Tout petit et solitaire dans le grand bleu total. Il est en train de disparaître, il avance doucement, se tortille, s’effiloche. Il n’en a plus pour longtemps. Je retiens mon souffle et ne le quitte plus des yeux. Il va mourir et s’évanouir. Ça y est : il n’est plus là. Tout ce qui le composait est encore là, les molécules d’eau sont toujours là, mais sous une forme, un autre assemblage. Il a disparu, mais tout continue. J’essaye de ne pas mettre mon cerveau en marche sur la vie et la mort et tout ça. Mais simplement de laisser sédimenter en moi ce que je viens de vivre. Je repars tout doucement vers la vallée, centré sur ma respiration, avec la dissolution du nuage qui flotte dans ma conscience…

vendredi 12 mars 2010

Thomas More


Je viens de relire la biographie de Thomas More. Juste parce que j'avais passé un long moment devant son portrait, retrouvé dans un de mes livres achetés en voyage (à New-York, où on peut voir ce magnifique tableau de Hans Holbein à la Frick Collection). Je crois n'avoir jamais vu un visage aussi attachant d'intelligence tranquille. More était un humaniste courageux, auteur de L'Utopie, et ami du grand philosophe Érasme. Il fut condamné à mort par le roi d'Angleterre Henry VIII, parce qu'il refusait de cautionner le coup de force religieux (s'auto-proclamer chef de l'église anglicane) de cet ogre abusif et tyrannique, qui ne mangeait que de la viande et changeait d'épouse comme de chemise.
Je suis heureux que Thomas More ait existé. Je l'admire profondément. Je pense à lui très fort, à des siècles de distance. Et surtout, j'essayerai de penser à lui la prochaine fois que je serai tenté de me dégonfler face à une absurdité ou une injustice...

Illustration : le portrait de Thomas More, par Hans Holbein le Jeune.

jeudi 11 mars 2010

Merci William


C’est lors d’une réunion de travail qui rassemble des administratifs et des médecins (dont je fais partie) : il s’agit de concevoir des programmes de formation destinés aux médecins généralistes, adaptés notamment à certaines directives ministérielles. Tout à coup, à propos de l’interprétation faite d’une de ces directives par un des non-médecins de la réunion, un de mes confrères s’énerve. Il s’énerve même assez fort ; je le regarde un peu surpris en me demandant s’il ne faut pas que j’intervienne pour le calmer. Mais je n'en ai pas le temps, il se calme tout seul, assez vite ; après, tout de même, que ça ait claqué assez fort. La session de travail se termine dans une ambiance un peu tendue…
Le lendemain, nous recevons tous le résumé de la réunion, établi par un des responsables. Il démarre de façon élégante et savoureuse :
« Je vous prie de bien vouloir trouver en pièce jointe le compte rendu de notre réunion d’hier. Je tiens à vous remercier pour votre présence et nos échanges passionnants et passionnés : "La passion s'accroît en raison des obstacles qu'on lui oppose", écrivait William Shakespeare. »
C'est pas beau, ça ? J’adore cette convocation de Shakespeare pour recadrer nos escarmouches. C’est le genre de petit détail qui change tout : ça nous rappelle que c’est normal de se frictionner lorsqu’un sujet nous tient à cœur ; et ça nous rassure d’être éclairés par le grand William.

mercredi 10 mars 2010

Crier fort

C'est un dessin humoristique que j'avais repéré il y a quelques années, je ne sais plus très bien où.
Un monsieur et une dame discutent et n'ont pas l'air d'accord.
Tout à coup la femme dit à l'homme : "Mais pourquoi cries-tu si fort ?"
Et l'homme : "Parce que j'ai tort !"
C'est tellement vrai...

mardi 9 mars 2010

Des hommes nus, aussi !


C’est au cours d’un colloque de psychiatrie. Je viens de faire une présentation devant mes confrères. J’ai utilisé des diapositives avec ça et là des images humoristiques, pour les faire sourire. On écoute et on comprend mieux quand on est de bonne humeur.
Ce jour-là, comme j’ai parlé de méditation, je leur ai passé la photo ci-jointe. Tout le monde a ri ou souri. Enfin presque tout le monde. Parce qu’à la fin, une dame vient me trouver : « Dites donc, c’était drôle la jeune femme en petite tenue, mais pourquoi vous ne mettez pas aussi des hommes nus, il n’y a pas de raison ! »
À sa tête, je vois qu’elle ne rigole pas tout à fait. Elle a été choquée par l’instrumentalisation du corps féminin ; alors, pour ne pas l’interdire, sa fibre féministe réclame la parité. Un peu penaud, je me dis qu'elle a raison. Mais que faire ?
Renoncer à la diapo ? Non, je l’aime bien. Alors, je vais compenser, bêtement. La prochaine fois, je repasserai la jeune femme méditant en petite tenue, comme d’habitude. Et puis tout de suite après, juste pour équilibrer, je passerai l’image ci-dessous. Rien à voir, mais je n’ai pas réussi à trouver de jeune homme méditant en string léopard.
Vous avez une autre idée ? Ou une photo de méditant mâle en string léopard ?

Illustrations : une publicité pour la marque Aubade ; et l'ancien demi d'ouverture du Stade Français, Juan Martin Hernandez, un sacré bon joueur de rugby.

lundi 8 mars 2010

Essayez de ne pas l’avoir fait…


Je me souviens, lors d’un stage de méditation, que notre instructeur nous avait fait faire un de ces trucs bizarres que seuls les instructeurs de méditation sont capables de proposer.
Il nous avait réunis tous en rond. Puis demandé de faire un pas en avant. Après quelques secondes de silence, il nous avait dit alors : « Et maintenant, essayez de ne pas avoir fait ce pas. »
Jamais entendu, ni surtout vécu (c’est toute la différence entre l’enseignement par la parole et celui par l’expérience) un truc aussi frappant sur l’inanité qu’il y a à éprouver certains regrets…

Illustration : photographie de Elliott Erwitt (merci Passou).