Comme tout le monde, je suis parfois sujet aux coups de spleen, à ces
moments de la vie où on voit tout en noir.
Chez nos patients de psychiatrie, ces baisses de moral
peuvent avoir des conséquences fâcheuses, car elles sont parfois des signes
avant-coureurs de rechute dépressive. Mais elles existent chez tout le monde. Et
chez certaines personnes mélancoliques, ces états d’âme sombres sont fréquents,
ainsi chez le philosophe Cioran : « Le cafard à tous les niveaux, du
tango à l’apocalypse, tel est mon climat habituel. »
Cependant, chez la plupart des humains, l’état émotionnel
est comme le ciel : son climat est changeant, parfois c’est grand beau
temps, parfois c’est nuit et brouillard. On se réveille le matin, et on sent
que la bonne humeur n’est pas au rendez-vous, pire, qu’on a déjà commencé à
broyer du noir avant même de mettre un pied par terre.
Souvent, on sait d’où ça vient : des soucis, des
difficultés qu’on peine à régler et qui du coup occupent notre esprit et vampirisent
notre énergie mentale.
Mais parfois, ce n’est pas si clair. Il existe en anglais
une expression pour cela : « out of the blue », qui décrit un
événement ou un ressenti qui semble surgir de nulle part, sans cause claire. Et
qui nous conduit tout droit vers des idées noires (petit hommage à Johnny Hallyday, parti dans le noir cette nuit...).
Que faire lorsque le noir envahit notre esprit ?
Première étape, l’accepter et l’observer : toutes
les émotions sont des informations, et nous signalent que nous réagissons à
quelque chose qui se passe, en nous ou dans notre vie. Les émotions heureuses
nous informent que notre vie nous convient, et les douloureuses qu’il y a des
déséquilibres ou des souffrances, manifestes ou cachés. Le poète Rilke
recommandait de « ne pas nous effrayer quand une tristesse se lève en
nous »…
Plutôt respirer, et accueillir ce qui nous rend triste : s’il y a une solution la mettre en œuvre ; et s’il n’y en a pas, ou pas immédiatement, nous occuper de freiner l’extension de la tristesse, du cafard et du spleen. Car le problème est là : les idées noires ont tendance à faire leur nid dans notre esprit, à nous pousser ensuite à les ressasser et à les ruminer.
Plutôt respirer, et accueillir ce qui nous rend triste : s’il y a une solution la mettre en œuvre ; et s’il n’y en a pas, ou pas immédiatement, nous occuper de freiner l’extension de la tristesse, du cafard et du spleen. Car le problème est là : les idées noires ont tendance à faire leur nid dans notre esprit, à nous pousser ensuite à les ressasser et à les ruminer.
C’est pourquoi, si vous en ressentez fréquemment, la meilleure hygiène intérieure, une fois que vous avez compris le pourquoi de leur présence, c’est d’échapper à leur influence ! En vous tournant vers l’action (la marche est un très bon remède) et vers l’instant présent (souvent la tristesse nous pousse à revenir dans le passé ou à craindre l’avenir).
Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais
pourtant toutes les études montrent qu’en s’y entraînant régulièrement, comme
dans la méditation ou les thérapies cognitives, ça aide, peu à peu.
Comme le dit le proverbe chinois : « Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire un nid dans tes cheveux ». C’est la même chose pour nos idées noires.
Comme le dit le proverbe chinois : « Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire un nid dans tes cheveux ». C’est la même chose pour nos idées noires.
Et vous, vous ressentez des coups de cafard parfois ? Comment y répondez-vous alors ?
Illustration : même quand tout est noir, la lumière est toujours là, et reviendra...
PS : ce texte reprend ma chronique du 21 novembre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.