mercredi 20 décembre 2017

Ça marche vraiment, la psychologie ?



Quel chemin parcouru par la psychologie, ces dernières décennies !

Nous parlons volontiers aujourd’hui de ses succès, mais pendant longtemps, ce n’était pas si évident aux yeux de la plupart des gens. Ce n’est que depuis les années 1960-70 que la psychologie fait véritablement partie de notre vie quotidienne, et s’est intégrée à nos façons de penser. Auparavant, elle était plutôt un objet d’indifférence ou de méfiance. Et on se demandait si ça marchait vraiment ?

Je me souviens par exemple que lorsque j’ai commencé mes études de médecine, les psychiatres étaient considérés comme des médecins pas comme les autres, ils n’étaient « pas tout à fait médecins », par rapport aux chirurgiens ou aux cardiologues, qui eux étaient des « vrais docteurs » avec blouse blanche et ustensiles médicaux.

Je me souviens qu’à l’époque il y avait encore des humains « pré-psychologiques », comme il avait existé des hommes pré-historiques. Des humains que ça n’intéressait pas du tout de réfléchir sur eux, de comprendre leurs émotions, leurs motivations, leurs méandres mentaux, et encore moins de comprendre ce qui se passait dans la tête des autres. Ces humains « pré-psychologiques » ne voulaient en aucun cas faire de la psychologie…

Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts, les humains « prépsychologiques » sont en voie de disparition, et nous célébrons les noces de la science et de la psychologie.

Avec des signes réjouissants : c’est un plaisir de voir les études de neuroimagerie confirmer que les psychothérapies améliorent la dynamique fonctionnelle cérébrale, un plaisir de voir que la méditation modifie favorablement notre biologie.

Mais il y a aussi des signes inquiétants : l’usage aujourd’hui généralisé du neuromarketing, qui cherche à influencer nos comportements d’achat ou nos votes politiques, à travers le fichage de nos traits psychologiques et comportementaux, est certes une forme de reconnaissance de l’efficacité de la psychologie, mais aussi une énorme menace sur nos libertés.

C’est pourquoi il est si important que les citoyens contemporains disposent d’une culture psychologique de base, non seulement pour mieux vivre, mais aussi pour mieux se défendre de toutes ces formes de manipulations commerciales et politiques.

Eh oui, il est devenu aujourd’hui aussi important de savoir comment fonctionne notre cerveau, qu’il l’était hier de savoir reconnaître les champignons, les plantes, les espèces végétales et animales. Ces savoirs anciens nous sont moins nécessaires actuellement, puisque nous ne recherchons plus notre nourriture nous-mêmes. Mais les savoirs psychologiques sont devenus, eux, fondamentaux, dans des sociétés où nous sommes amenés à rencontrer un très grand nombre de personnes très différentes de nous, à établir avec elles des rapports prolongés et complexes, à nous faire une place dans un monde qui n’arrête pas de changer et d’évoluer… Sans la psychologie, ce serait bien difficile !

Et vous, chères et chers internautes de tous âges, qui me lisez régulièrement ou de temps en temps, d’où vous vient ce goût pour la psychologie ?


Illustration : un badge qu'on m'a offert un jour en cadeau...

PS : ce texte reprend ma chronique du 28 novembre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.