vendredi 28 septembre 2012

Koala sous antidépresseur


C'est un de mes plus anciens patients à Sainte-Anne. Il souffre d'un TOC bien stabilisé sous médicament ; il n'a jamais voulu faire de TCC ni d'autre psychothérapie. Mais il souhaite que je le suive régulièrement, car il a parfois des petits passages à vide dépressifs ; il est rassuré de savoir que notre lien reste actif.

Nous nous voyons donc de temps en temps pour faire le point, comme on dit. Je vérifie son moral, je m'assure qu'il ne se replie pas trop sur lui, que ses rituels ne prennent pas trop de place dans son quotidien. Nous parlons de ses joies et de ses peines.

Il est à la fois très gai et très mélancolique, plein d'humour et doté d'un regard mordant sur notre monde. Un humain véritable et attachant...

Il m'envoie souvent des cartes postales drolatiques, dont celle qui figure ici : c'est son autoportrait en koala (débonnaire et rondouillard, mais doté de bonnes griffes) sur lequel il a scotché un comprimé de son médicament-béquille.

Il est pour moi le parfait exemple de la manière dont on peut avoir une vie intéressante et nourrissante, malgré la maladie. Avec l'élégance de sourire de ses détresses et l'intelligence d'aimer tout le reste de sa vie.

Nous n'y arrivons pas toujours, c'est vrai. Mais on se sent tellement en paix toutes les fois où l'on parvient à vivre sur ce registre...