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C’est un grand-père en visite chez ses enfants et petits-enfants.
Lors d’un petit déjeuner qui se passe joyeusement, il échange avec l’une de ses petites-filles, à propos de leur bonheur de se retrouver, une fois de plus, tous en famille (il est âgé et malade, et sait mieux que quiconque à quel point ces instants sont précieux).
Heureux de ce qu’il vit avec ses proches, il propose à la fillette de prier pour remercier le Seigneur, de Lui rendre grâce pour ce joyeux petit-déjeuner, pour la chance d’être encore là, tous ensemble.
Mais elle traverse une période où sa foi l’a quittée : « Grand-Père, je suis désolée, mais moi en ce moment, je ne crois pas beaucoup en Dieu ! »
Et lui du tac au tac : « Ce n’est pas grave, tu sais, Dieu s’en fiche, que tu ne croies pas en Lui, ça ne le dérange pas ! Ce qui compte, c’est que nous lui rendions grâce pour tout ce bonheur qu’il nous envoie… »
Je suis témoin silencieux de la scène, affairé autour de l’évier car je pars travailler bientôt. J’adore la pirouette du grand-père, qui témoigne de sa foi inébranlable. De sa foi de charbonnier, émouvante sinon convaincante.
Car ça n’a pas très bien marché pour ma fille, cette fois-ci, mais elle s’exécute tout de même, en riant, en joignant ses mains et en remerciant Dieu, amusée et attendrie par l’obstination bienveillante de son grand-père.
Et un vent de grâce souffle dans la pièce à cet instant.
D’où venait-il ?
Aucune idée.
Et aucune importance…
Illustration : Fillette au lapin, par Jean Dieuzaide.