jeudi 2 décembre 2010
Obligés de respirer
La «terrifiante» obligation de ne jamais s’arrêter de respirer...
J’ai rencontré plusieurs fois des patients très anxieux pour qui penser à cela devenait parfois un point de départ à des attaques de panique. Ils me racontaient que depuis qu’ils étaient petits, ça les prenait parfois, en prenant conscience de leur dépendance à l’air, inspirer, expirer, et comme ça jusqu’à la fin des temps...
Je me souviens d’une patiente pour qui le pire cauchemar aurait été de finir dans un poumon artificiel, vous savez, ces énormes machines dans lesquelles on plaçait autrefois les personnes chez qui la poliomyélite avait paralysé les muscles respiratoires. Il fallait toujours quelqu’un pour activer le soufflet. Puis, avec l’électricité, ça marchait tout seul, mais tout de même...
Je me souviens qu’au début, je récupérais un peu ses angoisses à force de l’écouter et de travailler sur ça avec elle, et qu’une ou deux fois je me suis réveillé alors la nuit avec l’impression de m’étouffer. Puis ça m’a passé, et à elle aussi. Depuis que je pratique la méditation de pleine conscience, je crois bien que cela ne m'est plus jamais arrivé ; et à la patiente non plus.
Je me souviens que le terme «poumon d’acier» m’impressionnait, moi aussi, quand j’étais enfant.
Je suis bien content que le vaccin contre la polio ait été inventé...
Illustration : un poumon d'acier d'autrefois.