samedi 20 janvier 2018

Love, love, love


Il y a des gens qui disent en avoir "marre de la bienveillance" et des bons sentiments, lorsqu'on les évoque (trop, selon eux) dans les médias.

D’abord, que moi je n’en ai pas marre de la bienveillance ! J’en aurais plutôt marre de l’égoïsme, de l’incivisme, du cynisme. La bienveillance, je trouve qu’il y a encore beaucoup de place pour en accueillir davantage dans notre quotidien et notre société !

Quand on est bienveillant, on fait du bien à son prochain, ce qui représente déjà une raison suffisante pour l’être.

Mais on s’en fait aussi à soi-même. Attention, je ne parle pas de l’autosatisfaction, du plaisir qu’il pourrait à y avoir à se montrer bienveillant (encore que, pourquoi pas ?). Non, je parle de l’état de notre corps. Avez-vous déjà observé dans quel état est votre corps quand vous pensez et agissez avec bienveillance, amour, affection, gentillesse ? Et à l’inverse, avez-vous pris le temps d’observer dans quel état la colère, l’agacement, la mesquinerie, l’envie, le ressentiment mettent ce même corps ? Eh oui, la bienveillance est bonne pour ceux qui la reçoivent et aussi pour ceux qui l’émettent.

Et puis, au-delà de nos petites personnes, elle est importante pour toute forme de vie en société : la bienveillance aide à s’entraider pour affronter les difficultés et l’adversité, à se faire confiance et à s’apprécier les uns les autres. Elle embellit les rapports humains : c’est elle qui est la source du respect, du sourire, de la politesse, de l’écoute pour les inconnus ; de la tendresse, du réconfort, de l’affection, de l’amour pour les proches. Si tout ça n’existe pas, alors à quoi bon vivre ?

La bienveillance est très importante donc. Tellement importante qu’on en attend peut-être trop… Un peu comme avec l’amour, dans les années 60 et 70. Ah ! l’idéal baba-cool… Quand on pensait, comme les Beatles, en 1967, que chanter la paix et l’amour, le fameux slogan hippie Peace and Love, pouvait les faire advenir…

Changer le monde par l’amour et la bienveillance ! Ça serait bien, et ce serait une manière agréable de faire.

Mais hélas, la bienveillance ne suffit pas.

Elle est une base merveilleuse pour les rapports entre humains, mais elle ne peut pas servir de pratique politique. Elle ne fait hélas reculer ni les tyrans ni les terroristes. Sa propagation aide à changer les esprits et les habitudes. Mais ce qui fera décliner la violence, par exemple, ce n’est pas la seule bienveillance. Ce qui fait reculer la violence dans le monde depuis des siècles, puisqu’on sait aujourd’hui que la violence recule, ce sont les lois et les règles, l’émergence d’états organisés et démocratiques, les échanges et le commerce qui forcent les humains à se parler les uns les autres, l’amélioration de la condition des femmes, l’accès à l’école et à l’éducation…

Mais, ce qui rend le quotidien vivable depuis des siècles, depuis toujours, c’est la bienveillance que nous recevons et donnons régulièrement. Elle est, tout simplement, la composante essentielle et indispensable de toute vie en société.

En plus, quoi de plus simple ? Il est sans doute très difficile d’être toujours bienveillant, à moins d’être un saint. Mais il est tellement facile de l’être plus souvent…


Illustration : une manifestation pacifique en faveur de la bienveillance (David Plowden, 1964).

PS : ce texte reprend ma chronique du 17 octobre 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.