lundi 24 octobre 2011

Ruminations


Ruminer, c’est se focaliser, de manière répétée, circulaire, stérile, sur les causes, les significations et les conséquences de nos problèmes, de notre situation, de notre état.
Quand on rumine, on croit réfléchir, mais on ne fait que s’embourber et s’abîmer.
La rumination amplifie nos problèmes et nos souffrances, réduit notre espace mental disponible pour tout le reste de notre vie (notamment pour les bonnes choses et les instants heureux). Et surtout, elle met en place de mauvais réflexes et de mauvaises habitudes : face à des difficultés, les ressasser, au lieu de les résoudre (même imparfaitement) ou de les tolérer en continuant malgré tout à vivre.

Pour savoir si nos réflexions sont des ruminations, il y a trois questions à nous poser :
1) Depuis que je songe à ce problème, est-ce qu’une solution est apparue ?
2) Depuis que je songe à ce problème, est-ce que je me sens mieux ?
3) Depuis que je songe à ce problème, est-ce que j’y vois plus clair, est-ce que j’ai plus de recul ?

Si la réponse (honnête !) à ces trois questions est « non », alors c’est que je ne suis pas en train de réfléchir mais de ruminer.

Dans ces cas-là, suprême humiliation, la solution ne viendra pas de mon esprit (« pense à autre chose ») mais de l’action : aller marcher, parler à un proche. M’efforcer de refermer le dossier, ou du moins, m’engager dans une autre activité pour qu’il n’y ait pas que cela à ma conscience. Ce qui aggrave la rumination : l’immobilité et la solitude. Ce qui l’entrave : le mouvement et le lien (mais attention à ne pas alors chercher les autres pour co-ruminer à deux !).

Autre solution : la méditation de pleine conscience. Accepter que mes ruminations soient présentes à mon esprit mais ne pas les laisser seules : les accompagner de la conscience de mon souffle, de mon corps, des sons, de la conscience de tout ce que je suis et de tout ce qui m’entoure. Plus compliqué que d’aller marcher. Mais plus efficace encore, à condition de s’être entraîné avant…

Illustration : de l'excellent Muzo.

PS : un internaute me fait remarquer que ce que je dis des ruminations ne s'applique pas aux obsessions que l'on rencontre dans certaines souffrances psychiatriques, comme le trouble obsessionnel compulsif (TOC) ; c'est absolument exact, merci de m'avoir rappelé de le préciser ici. Les obsessions du TOC, et les autres, nécessitent en général médicaments et techniques psychothérapiques spécifiques.